Dans le Jura, un lac oublié attire de plus en plus de curieux – et il est totalement gratuit
À l’écart des itinéraires touristiques classiques, dans une petite vallée préservée du Jura, un lac longtemps ignoré du grand public est en train de redevenir un secret bien gardé… de moins en moins bien gardé. Depuis quelques mois, des promeneurs, des familles et même des photographes affluent pour découvrir ce lieu étonnamment intact, gratuit, sauvage, et hors du temps.
Son nom ne figure dans aucun top 10, et c’est justement ce qui attire ceux qui le trouvent : le lac de l’Abbaye, niché à 900 mètres d’altitude, dans la commune de Grande-Rivière Château.
Un miroir d’eau cristalline, loin des foules
Contrairement à d’autres sites du Jura très fréquentés comme le lac de Chalain ou les cascades du Hérisson, le lac de l’Abbaye reste discret, sans parkings envahis ni marchands de glaces. Ici, pas de plage aménagée ni de centre nautique. Juste un sentier, quelques bancs en bois brut, et un silence rare.
La pureté de son eau impressionne : elle reflète les sapins et le ciel avec une netteté presque irréelle. Les algues sont invisibles, les berges sont naturelles, et les poissons – nombreux – peuvent être observés à l’œil nu depuis les rochers.
« Je suis tombée dessus par hasard en cherchant un coin tranquille avec mon chien. J’ai cru que c’était un lac privé tant c’était calme, »
raconte Camille, une habitante de Dole qui y retourne depuis chaque été.
Une histoire presque effacée
Le lac de l’Abbaye tire son nom d’une ancienne abbaye cistercienne du XIIe siècle aujourd’hui disparue, dont les vestiges ont pratiquement été engloutis par le temps. Seuls quelques murs moussus, au nord du site, témoignent de ce passé religieux.
Les moines qui vivaient ici auraient creusé une partie du lit du lac pour en réguler le niveau – ce qui en ferait un des tout premiers exemples d’aménagement écologique médiéval.
Mais depuis la Révolution, le lieu a peu à peu été abandonné, tombant dans l’oubli, au profit de sites plus accessibles. Aujourd’hui, aucune billetterie, aucune clôture, aucun horaire d’ouverture.
On peut y venir quand on veut. Et c’est précisément ce qui séduit de plus en plus de visiteurs : un coin de nature gratuite, préservée, où l’on se sent seul au monde.
Pourquoi ce lac fascine autant
- L’accès est entièrement gratuit, été comme hiver
- Le lac est encore peu connu, même des locaux
- L’eau est d’une clarté exceptionnelle, sans pollution
- Le lieu est silencieux, sans aménagement touristique
- On y observe des oiseaux rares et des libellules protégées
- La balade autour du lac est courte (2,5 km), facile et accessible à tous
- Aucune interdiction stricte, sauf le camping sauvage (non toléré)
À noter : la baignade n’est pas officiellement interdite, mais elle n’est pas surveillée ni conseillée, l’eau étant très froide même en été. Pourtant, certains courageux y plongent dès le mois de juin.
Un engouement discret, mais réel
Depuis le printemps, les habitants de la région constatent une hausse des visiteurs, notamment les week-ends. Rien de comparable avec les grands lacs du Jura, mais des signes visibles : plus de randonneurs sur les sentiers, des vélos posés contre les arbres, et même des drones qui filment en silence les reflets du soleil sur l’eau.
« Ce lac, c’est comme une parenthèse dans la vie. On y vient pour ne rien faire, pour écouter. On n’en trouve plus beaucoup comme ça, »
glisse Alain, retraité jurassien venu seul avec son appareil photo.
Peu à peu, le lac de l’Abbaye s’impose comme une destination à part, un lieu qui attire ceux qui cherchent le calme et la beauté brute. Ce coin oublié du Jura pourrait bien devenir l’un de ces trésors que l’on partage à voix basse, de peur qu’il ne perde justement ce qui le rend unique.
